Cet article souligne le rôle Jean-Baptiste Beurard dans l’histoire de la paléoichtyologie. Ancien chanoine de la cathédrale de Toul, il trouva après les affres des débuts de la Révolution un emploi d’agent du gouvernement attaché à l’administration des mines entre 1794 et 1815. Chargé de la surveillance des mines de mercure dans les nouveaux départements annexés par la France sur la rive gauche du Rhin, il redécouvrit en juillet 1799 le fameux gisement d’« ichtyolites » (poissons fossiles) imprégnés de cinabre de Münsterappel daté du Permien inférieur. Il envoya plusieurs spécimens dans des collections institutionnelles parisiennes. Des représentants de l’espèce Paramblypterus duvernoy (Agassiz, 1833) (Actinopterygii, Amblypteridae), probablement envoyés par Beurard avant 1809 d’après le témoignage de Barthélémy Faujas de Saint-Fond, ont été identifiés dans les collections du Muséum national d’Histoire Naturelle, Paris. Un autre spécimen ayant appartenu de manière incontestable à Beurard est conservé dans les collections Géosciences de Sorbonne Université et revêt un intérêt historique tout particulier. Beurard possédait également dans sa collection deux échantillons de poissons fossiles du Cénomanien de Haqel dans l’actuel Liban, qu’il avait reçu de son neveu Claude Charles Harmand (1784–1847), officier de marine, en 1817. À partir d’eux, Henri Marie Ducrotay de Blainville décrivit deux espèces qu’il nomma Clupea beurardiBlainville, 1818a et Clupea brevissimaBlainville, 1818a. La première n’est plus considérée comme valide et la seconde est aujourd’hui assignée au genre ArmigatusGrande, 1982 (Actinopterygii, Clupeomorpha) dont elle est l’espèce type. Un de ces spécimens est conservé au Natural History Museum, Londres, et provient de la collection de William Willoughby Cole (1807–1886), comte d’Enniskillen, qui avait acquis une partie de la collection Beurard. Étiqueté par erreur Clupea beurardi par Beurard, cet échantillon porte en réalité les quatre syntypes d’Armigatus brevissimus. Un lectotype est désigné ici pour fixer le statut de cette espèce, certainement la plus abondante et la plus iconique du gisement de Haqel.

This article highlights the role of Jean-Baptiste Beurard in the history of palaeoichthyology. A former canon of the Cathedral of Toul, he became a government employee attached to the mine administration between 1794 and 1815 after the turmoil of the early revolutionary period. He was in charge of supervising the mercury mines in the new departments annexed by France on the left bank of the Rhine. In July 1799, he rediscovered in the area of Münsterappel the famous Lower Permian deposit of “ichtyolites” (fossil fish) impregnated with cinnabar. He sent several specimens to institutional collections in Paris. Representatives of the species Paramblypterus duvernoy (Agassiz, 1833) (Actinopterygii, Amblypteridae), probably sent by Beurard before 1809 according to the testimony of Barthélémy Faujas de Saint-Fond, have been identified in the collections of the Muséum national d’Histoire Naturelle, Paris. Another specimen that indisputably belonged to Beurard is preserved in the Geosciences Collections of the Sorbonne University (Paris) and is of particular historical interest. Beurard also possessed in his collection two samples of fossil fish from the Cenomanian of Haqel, in present-day Lebanon, received from his nephew Claude Charles Harmand (1784–1847), naval officer, in 1817. Based on those specimens, Henri Marie Ducrotay de Blainville described and named the two species Clupea beurardiBlainville, 1818a, and Clupea brevissimaBlainville, 1818a. The first one is no longer considered valid and the second one is now assigned to the genus ArmigatusGrande, 1982 (Actinopterygii, Clupeomorpha), of which it is the type species. One of these specimens is kept at the Natural History Museum, London, and comes from the collection of William Willoughby Cole (1807–1886), Earl of Enniskillen, who had acquired part of the Beurard collection. Erroneously labelled Clupea beurardi by Beurard, this sample actually bears the four syntypes of Armigatus brevissimus. A lectotype is designated here to settle the identity of the species, which is certainly the most abundant and iconic one found in the Haqel deposit.

L’histoire des débuts de la paléoichtyologie, ou la science des « poissons » fossiles, est étroitement liée aux collectionneurs privés qui permirent aux scientifiques de leur temps de disposer d’un matériel abondant et facilement consultable (Davies, 1970 ; Gaudant et Bouillet, 1997 ; Brignon, 2014, 2017b, 2019a ; Capasso, 2014 ; Bernard et Smith, 2015 ; Smith, 2015). L’étude historique des anciennes collections paléontologiques et l’exploitation de toutes les sources bibliographiques et manuscrites disponibles permettent souvent de résoudre des questions nomenclaturales délicates, voire de retrouver du matériel type que l’on croyait perdu depuis longtemps (Brignon, 2015, 2016a, 2016b, 2019b, 2019c ; Young et al., 2020). Dans cette perspective, cet article s’intéresse à un français d’origine lorraine, Jean-Baptiste Beurard (1803) qui fut le premier à publier, en 1803, un article entièrement consacré à des poissons (Actinopterygii) découverts dans les mines de mercure du Palatinat qui venait d’être annexée à la France suite aux victoires de l’armée révolutionnaire. Beurard possédait également des téléostéens du Cénomanien de Haqel au Liban qui servirent de types aux deux premières espèces décrites provenant ce célèbre gisement (Blainville, 1818a, 1818b). L’histoire de ces découvertes est détaillée, des spécimens trouvés il y a plus de deux siècles sont présentés et leur importance scientifique est analysée.

Quatrième d’une grande fratrie de treize enfants, Jean-Baptiste Beurard naquit à Nancy le 5 novembre 1745 (Quérard, 1827 : 320, 321)1. Il est le fils d’Agnès Angélique Martin2 et de Jean Claude Beurard3, écuyer, conseiller du roi, greffier en chef civil et criminel au Parlement de Lorraine, secrétaire perpétuel de la Chambre des consultations. Destiné à une carrière religieuse, Jean-Baptiste Beurard fut reçu chanoine de la cathédrale de Toul le 27 juillet 1761 (Benoît, 1884 : 66). Ses études lui permirent d’obtenir une licence en droit4. D’après l’abbé Laurent Chatrian (1732–1814), curé de Saint-Clément (Guillaume, 1867 : 316–319), Beurard faisait partie de ces « jeunes chanoines, nommés par la faveur royale » qui « s’en viennent, à Toul, scandaliser les anciens et afficher leurs manières mondaines en se promenant publiquement avec des dames ». Critique envers son cadet, Chatrian poursuivait dans son journal : « M. Beurard va même au bal pendant le carnaval » (cité par Mathieu, 1879 : 330) !

En voyage en Italie, il fut reçu membre de l’Académie des Arcades de Rome le 4 mars 1779 (Tutot, 1779 : 292). Beurard œuvrait pour rentrer en possession du prieuré de Saint-Thiébault sous Bourmont5, dans le diocèse de Toul, vacant depuis le décès de son dernier titulaire6. Il avait obtenu dans cette démarche l’accord de l’évêque de Saint-Dié, suivi d’une décision favorable du pape Pie VI le 2 août 1779. La congrégation de Saint-Vanne et de Saint-Hydulphe, ordre de Saint-Benoît, dont dépendait le prieuré en question, s’opposa cependant à la nomination de Beurard. Il s’ensuivit un long procès pour le débouter. Ses détracteurs reprochaient à Beurard de s’être « rendu indigne » et que cette indignité résultait « de faits graves relativement aux mœurs »7. Néanmoins, ces faits n’étaient pas judiciairement prouvés8 et Beurard pouvait compter sur le soutien de l’évêque de Toul qui ne s’était « point opposé à ce qu’il jouït paisiblement jusqu’à présent de sa présence canoniale de Toul » et qui lui avait donné « un visa dans lequel il reconnoit et atteste ses bonnes vie, mœurs et capacités ». Quoi qu’il en soit, un vice de procédure dans l’attribution du prieuré à Beurard fut reconnu et le prieuré de Saint-Thiébault fut finalement confié à Joseph Febvet, visiteur de la congrégation.

La Révolution de 1789 lui fit perdre sa position ecclésiastique et renoncer à des « revenus considérables » comme il l’écrivait lui-même en juillet 1815 au comte Louis-Mathieu Molé (1781–1855), directeur général des ponts et chaussées et des mines9. Fuyant la persécution, il dut s’exiler en 1790. Après la chute de Robespierre et la fin de la Terreur, Beurard retourna en France à la fin de l’année 1794. Ses connaissances en minéralogie lui permirent d’obtenir le 21 frimaire an 3 (11 décembre 1794) un poste temporaire à l’Agence des mines de la République en tant qu’adjoint de Johann Gottfried Schreiber (1746–1827), inspecteur des mines. Dès le mois de février 1795, le Comité de salut public mit à sa disposition une voiture pour rejoindre les représentants du peuple de l’armée du Rhin afin de visiter les mines du Palatinat (Aulard, 1910 : 169). Sa mission consistait à évaluer la richesse en minerai des territoires conquis par l’armée française et de mettre en place l’exploitation des mines jugées rentables. Par ordre d’une commission du Ministère de l’Intérieur, Beurard obtint le 18 brumaire an 4 (9 novembre 1795) un poste fixe d’agent du Gouvernement « pour résider seul sur les mines de mercure des Palatinat et Duché de Deux Ponts afin d’en surveiller immédiatement les exploitations »9, comme l’indique ses états de service (Fig. 1). Outre ce travail de régisseur, il assurait les rôles de trésorier et de fondé de pouvoir des actionnaires des mines de mercure (Sainte-Claire Deville, 1929 : 20). Sa tâche n’était pas simple comme il en témoignait à Louis-Mathieu Molé : « dès les premières annéesde mon service, des mouvemens [sic] d’armée m’ont placé dans le danger imminent de perdre la vie et fait dépouiller trois fois de tout ce que jepossédais. […]. Les anciens chefs de cette administration savent que pour parvenir à maintenir en activité les exploitations de mines de mercure, au milieu de tant de difficultés et entraves sans cesse renaissantes, il m’a fallu braver bien des dangers et me condamner à toutes sortes de privations »10.

Par une décision du Ministère de l’Intérieur datée du 24 prairial an 11 (13 juin 1803), Beurard fut envoyé à Hanovre puis à Clausthal avec le titre de commissaire du Gouvernement adjoint de l’ingénieur des mines Antoine-Marie Héron de Villefosse (1774–1852) (Héron de Villefosse, 1804 ; Dettmer, 2015). Alors même que l’armée française occupait cette région, ils avaient pour mission de « veiller à la conservation des mines et usines du Harz et faire réserver au profit de la France les droits pécuniaires revenans [sic] au roi d’Angleterre »9. Le 26 prairial an 11 (15 juin 1803), Francois Pierre Nicolas Gillet de Laumont (1747–1834), inspecteur des mines, écrivait au jeune ingénieur Héron de Villefosse pour lui expliquer les raisons pour lesquelles Beurard avaient été choisi et pour lui donner quelques conseils sur la manière de se comporter avec son nouveau collaborateur de 29 ans son aîné11 : « Le Cn [Citoyen] Beurard paroit un peu effraié12. J’ai cherché à le rassurer, son expérience, la mission qu’il a déjà eu comme commissaire du gouvernement avec le Cn Schreiber dans le Palatinat lorsque les armées y étoient encore, sont des titres d’après les quels nous pensons qu’il remplira d’une manière distinguée cette nouvelle marque de confiance du gouvernement. Beurard s’exprime beaucoup mieux par écrit que verbalement, il entend bien l’allemand, il a la melieure [sic] volonté de l’activité. Je l’ai assuré que quoiqu’il ne soit désigné que comme commissaire adjoint vous auriez pour lui les égards dus à son age [sic], à son expérience. Dans le fait mon ami vous estes [sic] bien jeune pour avoir le pas sur un viellard [sic] (j’appelle ainsi ceux de mon age), mais vous devez penser que vous le devez à votre qualité d’ingénieur des mines. Je vous engage donc à ménager son amour propre si elle étoit dans le cas de se trouver compromise. Il est de même que vous commissaire du gouvernement, mais vous estes réunis pour faire le plus de bien possible, pour résister à tout ce qui pouroit altérer l’exploitation de ces mines, ou tourmenter les braves et laborieux mineurs. Je ne suis pas inquiet de l’honneteté [sic] et de la fermeté avec la quelle vous vous présenterez vis avis [sic] des généraux et je ne doute pas que vous ne trouviez dans Beurard un collègue qui vous secondera efficacement auprès de ces bons allemands, il traduira tout, il parlera aux mineurs en homme habitué avec eux et la jeunesse tempérée par la viellesse [sic] fera des actes qui tiendront de la vigueur de l’âge mur. Voilà mon ami ce que j’augure de votre importante mission. N’oubliez pas de former une collection minéralogique pour le conseil. »

Le 22 nivôse an 13 (12 janvier 1805), Jean-Baptiste Nompère de Champagny (1756–1834), ministre de l’Intérieur, rappela Beurard à ses premières fonctions « d’agent du gouvernement sur les mines de mercure » dans le Palatinat. En 1807, le poste de bibliothécaire-interprète de l’administration des mines étant vacant, le même ministre suggéra au conseil des mines de le confier à Beurard « pour ne pas laisser échapper l’occasion de retenir attaché à l’établissement un homme qui lui a été utile, qui peut lui être beaucoup plus utile encore pour les traductions, et qui mérite récompense »13. Le conseil jugea cependant nécessaire de maintenir Beurard à la surveillance des mines de mercure. Beurard avait néanmoins obtenu du ministre une lettre officielle datée du 17 juillet 1807 lui garantissant qu’au cas où sa place d’agent du Gouvernement viendrait à être supprimée, celle de bibliothécaire-interprète lui serait assurée. Beurard resta jusqu’au mois d’août 1812 dans le Palatinat où il était posté à Meisenheim (Anonyme, 1809 : 302). Il fut ensuite chargé par le ministre des Finances de se « rendre sur les Salines anséatiques [sic] et coopérer, en qualité de chef des liquidations aux opérations du Commissaire spécial (M. Haudry de Soucy)14chargé de leur organisation et de leur régie »9.

Avec la chute du Premier Empire, Beurard rentra en France. Le 1er août 1814, comme l’avait promis Nompère de Champagny dans sa lettre datée du 17 juillet 1807, il fut nommé bibliothécaire et traducteur à la direction générale des mines par le ministre de l’Intérieur de l’époque, l’abbé François-Xavier-Marc-Antoine de Montesquiou-Fezensac (1756–1832). Cependant une partie non négligeable de son salaire lui était soustrait pour payer la retraite de l’ancien bibliothécaire Eugène Louis Melchior Patrin (1742–1815) auquel il succédait. N’ayant que ce modeste traitement pour vivre, Beurard prit la plume pour plaider sa cause auprès du comte Louis-Mathieu Molé, directeur général des ponts et chaussées et des mines. Il s’exprimait en ces termes : « […] je suis attaché à l’administration des mines depuis vingt et une années. Ses cartons, de même que ceux des ministères de l’intérieur et des finances renferment les preuves que pendant cette période, j’ai rendu des services utiles qui m’ont exposé souvent à de grands dangers et m’ont fait éprouver des pertes considérables, légalement constatées, pour lesquelles même déjà depuis bien longtemps, il m’avoit été promis des indemnités que je n’ai jamais reçues. Si vous daignés [sic] interroger les anciens et principaux chefs du corps des mines, j’ai lieu de croire qu’ils vous répéteront ce qu’ils m’ont souvent dit et écrit, particulièrement lorsque j’ai quitté le palatinat, que jamais ils n’avoient varié d’opinion sur mon compte. Victime de toutes les tempêtes politiques depuis 25ans ; sans autre resource [sic] aujourd’hui que mon modique traitement partagé par un viellard infirme15 ; agé moi-même de 70ans moins 3mois, mais encore plein d’ardeur pour le travail, je laisse à votre justice à prononcer sur mon sort, auquel est lié celui d’un autre malheureux15, et je m’y confie »9. En écrivant ces mots, Beurard ne se doutait pas qu’au même moment le comte Louis-Mathieu Molé venait de prendre un arrêté ordonnant la réunion de la bibliothèque de l’administration des mines avec celle des ponts-et-chaussées et nommant à leur tête l’abbé Nicolas Halma (1755–1828), l’ancien bibliothécaire de l’impératrice Joséphine16. Se retrouvant maintenant sans emploi, il n’avait pour vivre qu’une rente de 300 francs obtenue « du sacrificequ’[il avait] dû faire » au début de l’année 1815 de « [ses] collections minéralogiques qui faisaient tout [son] bonheur »10. Il n’avait maintenant d’autre choix que de demander à Molé de lui octroyer une pension de retraite pour ses vingt-et-un ans de bons et loyaux services. Louis XVIII étant à nouveau au pouvoir, Beurard rappelait opportunément : « j’ai constamment refusé d’accepter et de signer l’acceptation de l’acte additionnel qui excluait du trône une Dynastie dont les malheurs seuls ont fait les miens »10. Une pension lui fut accordée par une ordonnance du roi datée du 8 août 1815. « Ayant appartenu à l’état ecclésiastique de l’ancienne France », une pension complémentaire lui fut versée par une seconde ordonnance datée du 26 février 182317.

Beurard demeurait au no31 rue Servandoni dans l’ancien XIe arrondissement18 de Paris puis au no5 quai de la Tournelle dans l’ancien XIIe arrondissement19 (Savardan, 1836 : 266). Il décéda à son domicile le 9 août 1835, dans sa quatre-vingt-dixième année20. Un témoignage relate que « sa santé était encore parfaite » en 1833 (Savardan, 1836 : 266).

Au cours de sa première mission dans le Palatinat entre février 1795 et juin 1803, Beurard rédigea plusieurs rapports qui furent publiés dans le Journal des Mines. D’autres rapports inédits, restés sous forme manuscrite, sont également conservés aux Archives nationales (Engerand, 1920)21. Ces travaux permettent de suivre ses investigations sur les gisements de cuivre, de charbon, de plomb et de mercure dans les départements français du Mont-Tonnerre et de la Sarre créés en 1797 (Fig. 2). Il visita et étudia notamment la mine de cuivre de Fischbach, dans l’actuel arrondissement de Birkenfeld (land de Rhénanie-Palatinat). Il estimait d’après ses calculs que la mine était rentable et recommandait donc au Gouvernement son exploitation (Beurard, 1797). Sa mission principale étant de veiller à la bonne productivité des mines de mercure, il avait établi un inventaire détaillé des différents filons et, pour chacun d’eux, avait consigné sa situation géographique et stratigraphique, son mode d’extraction et son rendement (Beurard, 1798a). Il rédigea également un rapport sur les mines de houille des environs de Meisenheim (Beurard, 1798b).

Beurard est l’auteur d’une notice sur des poissons fossiles trouvés dans le Permien inférieur de Münsterappel dont il sera question plus loin (Beurard, 1803 ; Brignon, 2014). Fort de sa maîtrise de l’allemand, il publia en 1809 un dictionnaire allemand-français des termes propres à l’exploitation des mines, la métallurgie et la minéralogie qui fut réédité en 1819 (Beurard, 1809, 1819a). Il traduisit également un article en allemand de Johann Jakob Nöggerath (1788–1877) sur la « Description minéralogique du gisement de la Braunkohle (houille brune), dans la colline de Putzberg, près de Friesdorf, département de Rhin-et-Moselle » (Nöggerath, 1811). À son retour en France en 1814 et la prise de sa fonction de bibliothécaire à la direction générale des mines, Beurard publia à nouveau une série d’articles dans le Journal des Mines, à savoir, une notice sur les houillères de Borgloh, dans l’arrondissement d’Osnabrück, extraite d’un rapport qu’il avait rédigé en 1812 (Beurard, 1814a), des notes sur les salines de Lunebourg et de Bad Rothenfelde (Beurard, 1814b, 1814c), ainsi que l’extrait d’un rapport sur les méthodes d’extraction du mercure (Beurard, 1815).

Après sa mort, il laissait chez lui plusieurs manuscrits inédits qui figurent dans l’inventaire de sa succession faite en septembre 183522. Il avait notamment rédigé un « Précis sur le Hartz »23, un « Manuel minéralogique » par ordre alphabétique, un volumineux « Catalogue raisonné de minéraux qui donne spécialement la description oryctographique de toutes les variétés de minerai de mercure que fournissent les mines du Palatinat et du duché de Deux-Ponts, ainsi que des autres minéraux qui les accompagnent ; avec un essai sur la géologie des contrées où elles se trouvent » (Quérard, 1827), plusieurs traductions d’ouvrages allemands comme celle de la « Description minéralogique de la chaine du Vogelsgebirg dans le landgraviat de Hesse-Darmstadt » de Klipstein (1790) et celle de la « Description minéralogique des contrées les plus remarquables par leurs mines, dans le duché de Deux-Ponts et dans le Palatinat &c » de Ferber (1776). Il avait également rédigé plusieurs journaux de ses voyages en Italie, en Allemagne, en Hollande, en Suisse, dans les Alpes et les montagnes des Vosges (Quérard, 1827).

Le 18 novembre 1802, il avait été reçu membre associé correspondant de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon (Antoine et Toussaint, 1836 : 173) à laquelle il communiqua un mémoire « sur la manière de faire les recherches des mines dans le Palatinat et d’en commencer les exploitations et sur les diverses méthodes employées pour l’extraction du mercure de sa gangue » (Anonyme, 1805 : 22). Outre son admission à l’Académie des Arcades de Rome en 1779, il fut reçu membre de la Société royale des sciences de Göttingen, de la Société minéralogique de Jena, de la Société des recherches utiles de Trèves, de l’Académie de la Vettéravie (Wetterau) (Quérard, 1827 ; Durozoir, 1843) et de la Société royale d’Arras pour l’encouragement des Sciences, des Lettres et des Arts à laquelle il avait soumis une note sur la ville de Hambourg (Beurard, 1819b).

Beurard consacrait ses loisirs à enrichir son cabinet de minéralogie et à travailler les pierres, occupation qu’il appelait son « chasse-diable » et l’aidait apparemment à se détourner des « mauvaises pensées » comme l’écrivait le médecin Auguste Savardan (1792–1867) à l’évêque du Mans, Monseigneur Bouvier : « l’agriculture, la physique, la chimie, l’histoire naturelle, l’archéologie, la peinture, la musique comptent, dans le clergé de nos campagnes, quelques adeptes et ces prêtres-là ne sont pas les moins bons. Il en est qui ont pris à tâche de doter leur presbytère d’une collection de tous les produits naturels de la paroisse et on ne saurait nier l’importance que pourrait avoir l’établissement de pareils musées dans toutes les communes. L’étude des sciences et des arts vient donc très-bien en aide au bréviaire pour conjurer le malin esprit et résister à l’entraînement de ses tentations. C’était encore, à plus de 80ans, l’avis d’un ancien chanoine de Toul, l’abbé Beurard, auteur d’un bon dictionnaire de minéralogie français-allemand: possesseur d’un riche cabinet de minéralogie, il passait une grande partie de son temps à polir de belles pierres et à en composer avec beaucoup d’art, de petits meubles ou des tableaux. Un jour que nous lui témoignions notre surprise de son assiduité à ce travail, quelquefois assez pénible: qu’aurais-je donc pour me défendre contre les mauvaises pensées, nous répondit-il avec une spirituelle gaité? Tenez, mon ami, ajouta-t-il, il y a tantôt vingt ans que ce travail-là est mon meilleur chasse-diable » (Savardan, 1846 : 42 ; 1866 : 453). La collection minéralogique de Beurard était réputée en son temps. Le géologue Jean-Baptiste d’Omalius-d’Halloy (1808 : 450) la qualifiait de « magnifique ». Beurard connaissait le collectionneur de fossiles et de minéraux Étienne de Drée (1760–1848) avec qui il échangeait des échantillons (Léman, 1815 : 66). Il envoyait régulièrement des minéraux et des fossiles pour les collections du Muséum d’Histoire naturelle à Paris ainsi que pour celles de l’école des Mines (Faujas de Saint-Fond, 1809 : 349 ; Deleuze, 1823 : 344). Dans la seconde partie de son « Tableau méthodique des espèces minérales » publiée en 1813, Jean-André-Henri Lucas (1780–1825), garde des galeries du Muséum, mentionne ainsi des échantillons de « mercure argental » du département de Deux-Ponts que Beurard avait offerts au Muséum. Il est à signaler que les collections paléontologiques du MNHN possèdent une portion de maxillaire de crocodilien marin du Jurassique des Vaches Noires, polie sur une face, sur laquelle est écrit à l’encre « du cabinet de Mr Beurard » (Brignon, 2017a, 2020). Notons enfin que le catalogue manuscrit des ossements fossiles de vertébrés placés dans les galeries de géologie et de minéralogie (p. 1317, numéro ancien AC 8591) indique que le MNHN possédait en 1861 un os long de plésiosaure de provenance inconnue qui avait également appartenu à Beurard.

En 1828, Beurard avait fait de Claude Frédéric Donop (1796–1865)24, son légataire universel. Alors capitaine au corps royal d’état-major, Donop était sorti de l’école Polytechnique en 1813. Son père, Frédéric Guillaume Donop (1773–1815), général de l’Empire, avait été tué à la bataille de Waterloo. Sous le Second Empire, Claude Frédéric Donop fut reçu commandeur de l’ordre impérial de la Légion d’Honneur en 1854. Il termina sa carrière comme intendant militaire à la division d’Alger. L’inventaire de la succession Beurard dressé le 5 septembre 1835 mentionne près d’un millier d’agates et de minéraux polies, un millier d’échantillons de minéraux et de roches, des cadres renfermant des insectes, des poissons et des coraux ainsi que quelques oiseaux empaillés22.

Les actinoptérygiens des dépôts permiens d’Allemagne sont connus depuis longtemps (Brignon, 2014). Les poissons du Kupferschiefer, littéralement « schiste cuivreux », d’Eisleben et de Mansfeld (bassin de la Saale au sud-est du massif du Harz) furent en effet signalés dès le XVIe siècle (Brandt, 1997 ; Gaudant et Bouillet, 1997, 2005). Martin Luther (1483–1546) faisait allusion en 1535 à ces poissons dans son « Genesisvorlesung » (Commentaire de la Genèse) (Dittmann, 2016 : 535). D’autres écrivains et savants de la Renaissance mentionnaient les poissons des schistes cuivreux comme Giorgius Agricola (1494–1555), Conrad Gessner (1516–1565) et Bernard Palissy (vers 1510–vers 1590) (Agricola, 1546 ; Gessner, 1565 : feuille 162 ; Palissy, 1580 : 130). Un de ces poissons servit même de modèle à la plus ancienne représentation d’un poisson fossile publiée dans la Cosmographie Universelle de Sebastian Münster (1488–1552) (Münster, 1550 : 528). Les poissons dit « de Münsterappel », arrondissement du Mont-Tonnerre (Donnersberg), dans le bassin de Sarre-Nahe, ne furent quant à eux signalés qu’à la fin du XVIIIe siècle (Dechen, 1848 ; Fournet, 1859 : 299 ; Heidtke, 2007). Ils proviennent principalement de la partie supérieure de la formation Meisenheim (M9) datée du Permien inférieur (Unter Rotliegend). Le mercure contenu dans ces dépôts de schistes bitumineux noirâtres entraîne la formation de cinabre à la surface des écailles des spécimens leur conférant des reflets rouges caractéristiques. Un des premiers à mentionner ces poissons et ce mode de fossilisation singulier fut Cosimo Alessandro Collini (1727–1806), directeur du cabinet d’histoire naturelle de Mannheim. Il écrivait à leur sujet : « Près de Moerschfeld, dans les mines de Mercure de Münster-Appell & de Stein-Bockenheim on rencontre encore une particularité, dont je ne connois point d’exemple. Ce sont des poissons pétrifiés mercuriels. Ils sont dans l’intérieur d’un schiste noirâtre, & pénétrés de taches & de points de mine de Vif-argent rouge. On peut quelquefois séparer totalement leur corps de leur matrice. Ils sont si minces qu’ils n’ont que l’épaisseur d’un papier, ou d’un carton, & sont si cassants & si fragiles qu’il est fort difficile d’en avoir des entiers » (Collini, 1776 : 44). La découverte de poissons fossiles dans les mines de mercure de Münsterappel fut également signalée dans plusieurs ouvrages et articles en allemand par le minéralogiste et géologue d’origine suédoise, Johann Jacob Ferber (1743–1790), le théologien et géologue d’origine suisse, Franz Cölestin von Beroldingen (1740–1798) et l’ingénieur des mines et naturaliste allemand Georg Adolf Suckow (1751–1813) (Ferber, 1776 : 76–77 ; Beroldingen, 1778 : 92, 1788 : 199 ; Suckow, 1782 : 351 ; Kölbel et al., 2002 : 87).

Les poissons de Münsterappel appartiennent à l’espèce Paramblypterus duvernoy (Agassiz, 1833) (Actinopterygii, Amblypteridae) (Nottes et Heidtke, 1987 ; Dietze, 1999, 2001 ; Heidtke, 2007). L’espèce fut introduite de manière valide en 1833 par le paléoichtyologue suisse Louis Agassiz (1807–1873) dans la première livraison de ses Recherches sur les poissons fossiles sous le nom de Palaeoniscus [sic]25duvernoy (Agassiz, 1833 : vol. 2, 45). Elle fut plus tard assignée au genre ParamblypterusSauvage, 1888 (Boy, 1976 ; Štamberg, 2013, 2018). Il est à noter que les épithètes spécifiques « duvernoyi » et « duvernoi » introduites par différents auteurs (Huot, 1839 : 467 ; Troschel, 1851 : 520), puis largement reprises par la suite (Traquair, 1877 : 558 ; Woodward, 1891 : 440 ; Boy, 1976 ; Dietze, 1999, 2001 ; Heidtke, 2007), constituent des orthographes subséquentes incorrectes et doivent être rejetées en vertu de l’article 33.3 du CINZ (ICZN, 1999). Agassiz introduisit également l’espèce Palaeoniscus minutusAgassiz, 1833 (dont l’orthographe correcte doit être Palaeoniscum minutum), pour un spécimen de petite taille provenant de Münsterappel (Agassiz, 1833 : vol. 2, 47) et correspondant probablement à un juvénile de Paramblypterus duvernoy (Woodward, 1891 : 441).

Dans son article sur les mines de mercure des nouveaux départements français de la rive gauche du Rhin, publié au mois de pluviôse an 6 (janvier–février 1798), Beurard faisait allusion aux poissons de Münsterappel sans toutefois avoir pu retrouver le gisement où ils avaient été découverts. Décrivant les mines de mercure de Münsterappel, Beurard (1798a : 322–323) déclarait qu’« on y a trouvé dans un temps, sur un schiste gris, des empreintes de poissons, pénétrées et mouchetées par l’oxide [sic] de mercure sulfuré rouge. Quoique je ne doute pas de ce fait, qui paraît trop bien constaté, je ne puis cependant me dispenser de déclarer,

1°. Que je n’ai encore pu parvenir à voir aucune de ces sortes d’empreintes, quelques perquisitions que j’aie faites dans le pays ;

2°. Qu’ayant essayé, à mes frais, des recherches dans l’endroit où l’on m’a assuré qu’elles s’étaient trouvées, on ne m’a rapporté que des fragmens [sic] d’un schiste argileux, gris-foncé, chargé effectivement de dépouilles de poissons, mais sans aucun indice de cinabre: il est vrai que les eaux n’ont pas permis de pénétrer bien avant;

3°. Que ce schiste mélangé de pareilles dépouilles ne se trouve pas précisément dans la montagne qui renferme la mine de mercure connue sous le nom de Münster-Apel [sic], mais dans une plus basse, qui lui est opposée, et dont elle est séparée par un vallon qu’arrose le ruisseau d’Apel [Appelbach], et que le village dit Münster-Apel remplit presque absolument à cet endroit. Les empreintes avec cinabre ont été rencontrées dans des travaux de recherches que l’on avait tentées de ce côté-là, et qui n’ont donné d’ailleurs aucun autre indice de minérai [sic] ».

Beurard persévéra dans ses recherches et finit par redécouvrir enfin le fameux gisement de poissons fossiles de Münsterappel sur lesquels il publia le premier article leur étant exclusivement consacré (Fig. 3). Il précisait qu’il se trouvait « dans les flancs d’une montagne stratifiée, dont un coté porte le nom de Spreit, et l’opposé celui d’Himmelsberg », au sud-est de Münsterappel. Il notait que « ces dépouilles sont tellement comprimées, que les plus fortes ont à peine un millimètre d’épaisseur. L’animal est parfaitement reconnaissable en toutes ses parties, cependant les nageoires, la queue, les opercules des oreilles, et quelques autres portions de la tête, sont sensiblement plus marquées. Quoiqu’il soit en général assez aisé de les détacher, même quelquefois dans leur entier, cependant on ne peut guère les manier sans qu’elles ne se brisent. Dans quelques-unes la cassure est feuilletée, dans d’autres elle est en fragmens solides, indéterminés, à bords aigus et éclatans. Le mercure sulfuré se montre disséminé sur la surface, en filets ou traits déliés et courts, qui suivent et rendent plus sensibles les saillies ou raies des écailles, souvent en en dessinant parfaitement la forme; ou bien il est par taches superficielles informes qui se voient aussi sur les faces des feuillets intérieurs ». Beurard avait également observé « des espèces de noyaux oblongs, renflés par le milieu, composés d’une substance bitumineuse d’un noir parfait, nuancé par une infinité de petites taches de mercure sulfuré d’un rouge violacé » qu’il pensait être des « musculites », autrement dit des sortes de moules pétrifiées. Il s’agit là probablement de coprolithes qui se rencontrent fréquemment dans la formation Meisenheim (Heidtke, 2007).

L’ancien catalogue manuscrit des poissons fossiles conservés dans les collections de l’école des Mines de Paris permet de préciser la date à laquelle Beurard avait redécouvert les poissons de Münsterappel (Fig. 4)26. L’agent du gouvernement avait en effet envoyé pour le cabinet de cette école quatre spécimens au mois de germinal de l’an 8 (mars–avril 1800). La date de leur découverte est indiquée au 14 messidor an 7 (2 juillet 1799) dans le catalogue. Beurard communiqua également au Muséum d’Histoire naturelle, à Paris, plusieurs « ichtyolites » de Münsterappel comme le soulignait Barthélémy Faujas de Saint-Fond (1741–1819) et Henri Marie Ducrotay de Blainville (1777–1850), à qui l’on doit la première étude scientifique sur les poissons fossiles (Faujas de Saint-Fond, 1809 : 349 ; Blainville, 1818a : 393, 1818b : 89 ; Brignon, 2016b). Dans sa description du Muséum parue en 1823, Deleuze (1823 : 344) mentionnait « un assez grand nombre de poissons dont le squelette est rempli de mercure sulfuré » et précisait qu’ils avaient été découverts et recueillis par Beurard dans les « grès houillers » des mines de mercure du Palatinat. Lors de son séjour à Paris entre décembre 1831 et juin 1832, Agassiz (1833 : vol. 2, 45) avait vu au Muséum des spécimens de « Palaeoniscus Duvernoy » [sic] portant l’étiquette « Poissons fossiles pénétrés de mercure, renfermés dans un schiste bitumineux de la commune de Munster-Appel, dans le duché de Deux-Ponts ».

Aujourd’hui, les poissons du Permien de la région de Münsterappel ne sont pas rares dans les collections institutionnelles. Bien souvent, il est impossible de connaître le contexte historique de leur découverte en l’absence d’étiquette ou de détails consignés dans les registres anciens, même quand ces derniers existent encore. Les collections paléontologiques du MNHN conservent 5 spécimens de Paramblypterus duvernoy de Münsterappel. En particulier deux d’entre eux sont répertoriés dans l’inventaire des collections d’anatomie comparée rédigé en 1861 (« Catalogue des ossements fossiles de vertébrés placés dans les galeries de géologie et minéralogie, volume deuxième », p. 1473). Ces spécimens dont les contre-empreintes sont également conservées portent les anciens numéros des collections d’anatomie comparée (initiales AC) : MNHN AC 10181, 10182, 10183 et 10184 (Fig. 5). Les étiquettes collées sur la face arrière des échantillons indiquent « Palaeoniscus Duvernoyi […] du schiste bitumineux mercurial de Münster-Appel (terrain houiller) ». Il est fort probable, sans toutefois qu’on puisse le démontrer, qu’ils faisaient partie des spécimens offerts par Beurard et mentionnés par Faujas de Saint-Fond, Deleuze et Agassiz. En revanche, un des poissons de Münsterappel collectés par Beurard de manière incontestable a pu être identifié dans les collections Géosciences de Sorbonne Université à Paris comme le prouve l’étiquette collée au verso du spécimen, écrite de la main même de Beurard (Fig. 6) : « Mercure sulfuré bituminifère pseudomorphique ou ichtyolite mouchetée de mercure sulfuré rouge écailleuse à la surface d’une argile schisteuse de Münsterapel [sic] département du Mont-Tonnere [sic], grande rareté sur laquelle j’ai donné une notice dans le journal des mines tome 14 page 409 (no84)27 ».

Blainville (1818a : 395, 1818b : 91) rapporte que Beurard possédait dans sa collection plusieurs poissons fossiles. Outre les poissons du Permien de Münsterappel, il avait fait l’acquisition de deux échantillons provenant du Mont Liban (Blainville, 1818a : 363–365, 1818b : 59–61). Ces poissons lui avaient été rapportés par son neveu Claude Charles Harmand, lieutenant de vaisseau, qui avait effectué une mission dans les mers du Levant du 4 janvier 1815 au 10 novembre 1817 à bord de la goélette la Biche. Mal orthographié « Armand » par Blainville (1818a : 364), Harmand naquit le 18 novembre 1784 à Nancy, paroisse Saint-Nicolas et mourut le 29 décembre 1847 dans cette même ville. Sa mère, Anne Charlotte Beurard (3 août 1754, Nancy, Saint-Sébastien – 22 juin 1842, Nancy), était une des sœurs de Jean-Baptiste Beurard. Son père, Joseph Harmand (10 mars 1750, Thiaucourt-Regniéville – 16 mai 1836, Nancy), était avocat en parlement, secrétaire perpétuel de la chambre des consultations. Claude Charles Harmand fut reçu chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur le 22 mai 1825 et chevalier de Saint-Louis 28. Il fut également décoré de l’ordre des Deux-Siciles.

Les poissons fossiles du Crétacé du Liban sont connus au moins depuis le IVe siècle comme l’atteste les écrits d’Eusèbe de Césarée (vers 263–vers 339), évêque de Palestine, qui témoignait avoir vu différents genres de poissons de mer dans les pierres de construction exploitées dans les carrières sur les plus hautes montagnes du Liban (Gayet et al., 2012 ; Capasso, 2017). Dans son Livre des saintes paroles et des bons faiz de nostre saint roy Looÿs publié en 1547, Jean de Joinville, noble champenois et biographe de Saint-Louis relatait entre 1305 et 1309 que le roi au cours de la septième croisade (1248–1254) avait pu contempler lors de son séjour à Sidon, dans l’actuelle Liban, un poisson trouvé entre deux plaques de pierre. La première figure d’un poisson fossile du Liban fut publiée en 1698 par le voyageur et écrivain néerlandais Cornelis de Bruyn (1652–vers 1727) originaire de La Haye (Bruyn, 1698 : fig. 158 ; Capasso, 2015). Au cours du dix-huitième siècle et au tout début du dix-neuvième siècle, plusieurs auteurs mentionnèrent également ces poissons (Maraldi, 1705 ; Scheuchzer, 1708 : 25, 34–35, pl. 5 ; Woodward, 1729 : 21–22 ; Labat, 1735 : 391–392 ; Guettard, 1783 : 427–431 ; Volney, 1787 : 273 ; Faujas de Saint-Fond, 1803 : 118 ; Gayet et al., 2012).

Les deux échantillons de la collection Beurard furent découverts au « Mont-Liban, près de Gibel en Syrie », autrement dit près de Jbeil (Byblos), dans l’actuelle Liban. Il ne fait aucun doute qu’ils proviennent du célèbre gisement de Haqel (Pictet et Humbert, 1866 : 70 ; Capasso, 2017), celui de Hadjula n’ayant commencé à être exploité qu’à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle pour celui d’En Nammoura (Gayet et al., 2012). Les dépôts fossilifères de Haqel, comme ceux de Hadjula, seraient datés de la partie terminale du Cénomanien inférieur alors que ceux d’En Nammoura sont rattachés au Cénomanien moyen (Forey et al., 2003).

C’est à partir des deux échantillons de la collection Beurard que Blainville introduisit les deux premières espèces de poissons fossiles du Mont Liban utilisant la nomenclature binominale érigée par Linnaeus en 1758 (Gayet et al., 2012). Le premier d’entre eux servit à établir l’espèce Clupea brevissimaBlainville, 1818a (Actinopterygii, Clupeomorpha). À noter que ce nom fut proposé avec l’orthographe « Clupaea brevissimus ». Clupaea est une orthographe subséquente incorrecte du genre Clupea (Linnaeus, 1758). Par ailleurs, l’épithète « brevissimus » est une orthographe originale incorrecte et doit être corrigée en « brevissima » en vertu de l’article 34.2 du CINZ (ICZN, 1999). L’espèce fut assignée plus tard au genre DiplomystusCope, 1877 (Woodward, 1888 : 134, 1901 : 140) puis ArmigatusGrande, 1982 dont elle est l’espèce type (Grande, 1982). Blainville précisait que le « morceau d’un décimètre carré » de la collection Beurard contenait « quatre squelettes » dont l’un d’eux avait une longueur de 75 mm et une hauteur de 22 mm. Aucun type n’ayant été explicitement désigné parmi ces spécimens, ils constituent tous les quatre les syntypes d’Armigatus brevissimus (ICZN, 1999 : article 72.1.1). Cette espèce est la plus abondante dans les gisements de Haqel et de Hadjula (Gayet et al., 2012). À partir du second échantillon de la collection Beurard, Blainville décrivit l’espèce Clupea beurardiBlainville, 1818a, en l’honneur de l’ancien agent du Gouvernement. Ce spécimen avait une longueur totale (TL) de 150 mm pour une hauteur (TD) de 20 mm. Blainville rattachait également à cette espèce, quoiqu’avec doute, un spécimen de la collection de Barthélémy Faujas de Fond indiqué comme provenant de Saint-Jean-d’Acre (Acre, Israël). Ce dernier spécimen passa dans la collection de François Théophile Marie Régley (1777–1833) et fut décrit et figuré par Agassiz (1839 : vol. 5, pl. 61, fig. 2 ; 1843 : vol. 5, 2e partie, 117).

Une partie de la collection de poissons fossiles de Beurard fut acquise par le célèbre collectionneur britannique, William Willoughby Cole (1807–1886), troisième comte d’Enniskillen, qui avait formé avec son ami Philip de Malpas Grey Egerton (1806–1881) les deux plus importantes collections paléoichtyologiques du XIXe siècle. Le catalogue de ces deux collections, dressé en 1836 et 1837 par Egerton (1836 : 376, 1837), mentionne la présence d’un spécimen de l’espèce Clupea beurardi du Mont Liban. Louis Agassiz, qui étudia ces collections au cours de ses voyages en Grande-Bretagne, révèle que ce spécimen faisait bien partie de la collection Beurard et qu’il s’agissait même selon le paléontologue suisse du type à partir duquel Bainville avait établi Clupea beurardi. Le spécimen en question portait en effet une étiquette écrite de la main de Beurard dont Agassiz (1843 : vol. 5, 2e partie, 117) donnait la transcription suivante : « Ichthyolite ou poisson fossile d’une espèce peu commune, que M. de Blainville a décrit sous le nom de Beurardi, dans le nouveau Dictionnaire d’histoire naturelle [Blainville, 1818a] et dans son Mémoire sur les Ichthyolites, pag. 61 [Blainville, 1818b] ; sans doute parce qu’il ne l’a vue que dans ma collection, où elle a été placée par un de mes neveux, officier de marine, qui l’a rapportée du Mont-Liban, près de Gibel en Syrie, en 1817 ».

Le British Museum fit l’acquisition de la collection Enniskillen en 1882 et 1883 (British Museum, 1904 : 233–234 ; Brignon, 2016b, 2019c). Le spécimen du Mont Liban de la collection Beurard acquis par Enniskillen est ainsi mentionné par Woodward (1901 : 142) dans le Catalogue of the fossil Fishes in the British Museum sous le numéro P. 382529. Woodward indique que les poissons visibles sur l’échantillon sont typiques de l’espèce « Diplomystus » brevissimus (Blainville, 1818a), et qu’ils ne correspondent aucunement à la description qu’avait faite Blainville de l’espèce Clupea beurardi. Woodward concluait en conséquence qu’il fallait rejeter cette espèce en raison du fait que ces prétendus spécimens types ne correspondaient pas à la description originale de Blainville.

L’échantillon en question est toujours conservé au Natural History Museum à Londres (Fig. 7). Il porte bien l’étiquette manuscrite que Beurard avait écrite et qu’Agassiz avait transcrite en 1843. Sur sa face principale, la plaque porte quatre spécimens dont le plus complet (spécimen 2 sur la Fig. 7) possède une longueur totale (TL) de 75 mm et une hauteur maximale (TD) de 22 mm. Ils correspondent en réalité exactement à la description de ceux à partir desquels Blainville fonda Clupea brevissima. Beurard avait donc placé par erreur une étiquette indiquant « Clupea beurardi » sur l’échantillon portant la série type de Clupea brevissima. Cette erreur, que n’avait pas décelée Agassiz (1843 : vol. 5, 2e partie, 117) ni Davis (1887 : 576–577) n’avait pas été complètement démêlée par Woodward. Ce dernier concluait à juste titre que les spécimens de l’échantillon P. 3825 ne correspondaient pas à la description de Clupea beurardi faite par Blainville et qu’ils étaient en revanche typiques de « Diplomystus » brevissimus. Et pour cause, les quatre spécimens de l’échantillon P. 3825, qui porte aujourd’hui le numéro d’inventaire NHMUK PV P3825, ne sont autres que les syntypes d’Armigatus brevissimus (Blainville, 1818a) qui étaient restés totalement inaperçus jusqu’à maintenant.

Le spécimen de la collection Beurard désigné sous le nom de Clupea beurardi par Blainville n’a quant à lui pas pu être retrouvé. Le spécimen de l’ancienne collection Faujas de Saint-Fond figuré par Agassiz n’étant rattaché qu’avec doute par Blainville à cette espèce, seule le spécimen de la collection Beurard peut être considéré comme son spécimen porte nom, ce qui lui confère le statut d’holotype par monotypie de Clupea beurardi. Tant que ce spécimen reste perdu, cette espèce doit être considérée comme un nomen dubium, la description seule donnée par Blainville ne permettant pas d’en donner une diagnose suffisante.

Subdivision : TELEOSTEI Müller, 1845 

Superordre : CLUPEOMORPHA Greenwood et al., 1966 

Ordre : ELLIMMICHTHYIFORMES Grande, 1985 

Famille : Armigatidae Murray et Wilson, 2013 

Genre : ArmigatusGrande, 1982 

Diagnose : voir Grande (1982 : 4) et Forey et al. (2003 : 275–276)

Espèce type par désignation originale (Grande, 1982) : Clupea brevissimaBlainville, 1818a (nom introduit par Blainville avec l’orthographe incorrecte Clupaea brevissimus).

Armigatus brevissimus (Blainville, 1818a)

Matériel type : NHMUK PV P3825, quatre spécimens sur une même plaque apportée en France en 1817 par Claude Charles Harmand (1784–1847) et conservée dans la collection Beurard à Paris puis celle de Lord Enniskillen en Irlande du Nord, avant son acquisition par le British Museum (Natural History) à Londres (Fig. 7A7C). Décris par Blainville (1818a : 364–365, 1818b : 60–61) et en l’absence de désignation d’un type par ce dernier, ces quatre spécimens constituent les syntypes d’Armigatus brevissimus (Blainville, 1818a). Sur l’échantillon NHMUK PV P3825, le spécimen 1 est très mal conservé et indéterminable. La partie postérieure du spécimen 4 et l’extrémité postérieure de la nageoire caudale du spécimen 3 sont manquantes. Le spécimen 2 (Fig. 7D) est le plus complet et permet l’analyse biomètrique la plus précise (Tab. 1). Il est en conséquence explicitement désigné ici lectotype d’Armigatus brevissimus afin de fixer les caractéristiques de l’espèce (ICZN, 1999 : article 74.7). Les spécimens 1, 3 et 4 deviennent donc les paralectotypes d’Armigatus brevissimus.

Localité et âge types : Haqel (Liban, Moyen-Orient), Cénomanien.

Discussion : les paramètres biomètriques du lectotype correspondent à ceux des spécimens du Cénomanien de Haqel classiquement assignés à cette espèce (voir par exemple Forey et al., 2003 : tab. 9). Il correspond à un poisson clupéomorphe relativement allongé avec un rapport TD/SL de 0,34 (voir Tab. 1 la définition des abréviations), ce qui le distingue facilement d’Armigatus alticorpusForey et al., 2003 du Cénomanien d’En Nammoura et Haqel, possédant un rapport TD/SL compris typiquement entre 0,46 et 0,53 (Forey et al., 2003 ; Vernygora et Murray, 2021). Il possède 6 supraneuraux et 16 ptérygophores dorsaux. Ses 28 ptérygophores anaux supportant les rayons de la nageoire anale permettent de le distinguer d’Armigatus namouraensisForey et al., 2003 du Cénomanien moyen d’En Nammoura (Liban), d’Armigatus dalmaticusMurray et al., 2016 du Sénonien (probablement Campanien) de Croatie, d’Armigatus carrenoaeAlvarado-Ortega et al., 2020 de l’Albien du Méxique et d’Armigatus oligodentatusVernygora et Murray, 2016, du Cénomanien/Turonien du Maroc qui n’en possèdent respectivement que 21–24, 17, 15–17 et 12–14 (Forey et al., 2003 ; Murray et al., 2016 ; Vernygora et Murray, 2016 ; Alvarado-Ortega et al., 2020). Le lectotype d’A. brevissimus possède 31 vertèbres contre 35–37 pour A. alticorpus, 36–38 pour A. namouraensis, 32–37 pour A. dalmaticus, 33–35 pour d’A. carrenoae et 37–39 pour A. oligodentatus. Son rapport TD/SL, ses relatifs grand nombre de ptérygophores et de rayons à sa nageoire anale et faibles nombres de vertèbres et de paires de côtes pleurales permettent donc de distinguer A. brevissimus de toutes les autres espèces connues du genre Armigatus (Tab. 1).

Mal connu dans l’histoire des sciences, Jean-Baptiste Beurard a pourtant joué un rôle indéniable dans les débuts de la paléoichtyologie française. Il a notamment contribué à rendre célèbre le gisement permien de Münsterappel et ses poissons amblyptérides recouverts de cinabre. Lui-même collectionneur de minéraux et de fossiles, il avait constitué une collection de poissons fossiles qui faisait partie de la petite dizaine de collections connues à Paris à la fin des années 1810, comme celles d’Étienne de Drée, Alexandre Brongniart (1770–1847), Barthélémy Faujas de Saint-Fond, François Théophile Marie Régley, Francois Pierre Nicolas Gillet de Laumont, François Jean-Baptiste Ménard de la Groye (1775–1827), Anselme Gaëtan Desmarest (1784–1838) et Dominique-Sébastien Léman (1781–1829) (Blainville, 1818a : 395, 1818b : 91). La collection Beurard fut utilisée par Henri Marie Ducrotay de Blainville pour une des premières études scientifiques exclusivement consacrée aux « poissons » fossiles (Chondrichthyes et Osteichthyes) dans laquelle ce dernier décrit en utilisant la nomenclature binominale près de 150 espèces, dont plus d’une soixantaine sont nouvelles. À partir du matériel de cette collection, Blainville décrivit la première espèce valide de téléostéen du célèbre gisement cénomanien de Haqel au Liban, l’emblématique clupéomorphe Armigatus brevissimus, dont la série type a pu être redécouverte.

     
  • AD54

    Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy

  •  
  • AD55

    Archives départementales de la Meuse, Bar-le-Duc

  •  
  • AD75

    Archives de l’état civil reconstitué de Paris

  •  
  • AN

    Archives nationales, Paris et Pierrefitte-sur-Seine

  •  
  • ANOM

    Archives nationales d’outre-mer

  •  
  • CINZ

    Code international de nomenclature zoologique

  •  
  • ICZN

    International Commission on Zoological Nomenclature

  •  
  • SU

    Collections Géosciences, Sorbonne Université, Paris

J’adresse mes vifs remerciements à Emma Bernard (NHMUK) pour l’envoi de photographies de spécimens. Je tiens également à exprimer toute ma gratitude à Stéphane Jouve (SU), Alan Pradel (MNHN), Emmanuel Robert (Université Lyon 1) et Isabelle Rouget (SU) pour leur accueil dans les collections dont ils ont la charge. Je remercie les Archives nationales (sites de Pierrefitte-sur-Seine et de Paris) ainsi que le service du patrimoine des Archives départementales de la Meuse. Je remercie enfin Louis Taverne et un rapporteur anonyme pour leurs remarques qui ont permis d’améliorer le manuscrit.

1
AD54, registres paroissiaux, paroisse Saint-Sébastien, baptêmes, 1730–1750, 5 Mi 394/R 68.
2
Née le 13 octobre 1718 à Commercy (Meuse), paroisse Saint-Pantaléon, et décédée le 9 mars 1785 à Nancy, paroisse Saint-Nicolas. Elle épousa Jean Claude Beurard le 3 novembre 1739 à Vicherey.
3
Né le 5 octobre 1712 à Vicherey dans les Vosges et décédé le 1er juillet 1786 à Nancy, paroisse Saint-Nicolas.
4
AD55, 4H100/198-199 (Becquart et Colnat, 1958 : 130).
5
Actuelle département de la Haute-Marne.
6
AD55, 4H100/199, 202.
7
AD55, 4H100/202.
8
AD55, 4H100/208.
9
AN, Travaux publics. Personnel de l’Administration centrale : dossiers individuels. Lettre de Beurard au comte Louis-Mathieu Molé, Paris, 25 juillet 1815, F/14/11401.
10
AN, Travaux publics. Personnel de l’Administration centrale : dossiers individuels. Lettre de Beurard au comte Louis-Mathieu Molé, Paris, 30 juillet 1815, F/14/11401.
11
Archives de Gillet de Laumont, Bibliothèque Mines ParisTech, brouillon d’une lettre de Gillet de Laumont à Heron de Villefosse à propos d’une mission que celui-ci va effectuer en Allemagne, dans la région de Harz, avec Beuvard [sic], 26 prairial an 11.
12
Les passages biffés ont été supprimés dans cette transcription.
13
AN, écrit de Jean-Baptiste Nompère de Champagny cité par Beurard. Lettre de Beurard au comte Louis-Mathieu Molé, Paris, 25 juillet 1815, F/14/11401.
14
André Haudry de Soucy (1765–1844), base Léonore, dossier LH/1271/40.
15
Eugène Louis Melchior Patrin (1742–1815).
16
Le reçu officialisant la remise des clefs de la bibliothèque de l’administration des mines à Halma par Beurard est conservé dans les Archives de Gillet de Laumont (dossier 2), Bibliothèque Mines ParisTech.
17
Bulletin des Lois, 1823, série 7, 16(593bis) : 46–49.
18
Cette rue est aujourd’hui située dans le 6e arrondissement de Paris.
19
Aujourd’hui située dans le 5e arrondissement.
20
AD75, V3E/D 112.
21
AN, principaux documents des Archives nationales relatifs aux régions de la Sarre et de la rive gauche du Rhin, F/14/1076/1.
22
AN, minutes et répertoires du notaire Antoine Pierre Le Fer, 12 septembre 1834–16 février 1858 (étude XCVIII), MC/ET/XCVIII/969.
23
Ce travail rédigé à Clausthal en janvier 1805, juste avant son retour dans le Palatinat, est mentionné dans les bibliographies de Beurard sous le titre « Mémoire historique et descriptif sur le Hartz » (Quérard, 1827 ; Durozoir, 1843).
24
Né le 4 ventôse an 4 (23 février 1796) à Nancy (AD54, état civil, Nancy, naissances, 1795–1796, 5 Mi 394/R 112) ; mort le 10 novembre 1865 à Alger (ANOM, état civil, Alger, décès, 1865, acte no1036). Base Léonore, dossier LH/790/21.
25
L’orthographe originale PalaeoniscumBlainville, 1818a doit être retenue (Brignon, 2019b).
26
Ce catalogue est aujourd’hui conservé avec les collections de géologie de l’Université Lyon 1 où une partie des collections paléontologiques de l’école des Mines de Paris ont été transférées. Je remercie Emmanuel Robert de m’avoir fait connaître ce document.
27
Il s’agit de la référence Beurard, 1803.
28
Base Léonore, dossier LH/1268/56.
29
Plusieurs spécimens de Paramblypterus duvernoy de la région de Münsterappel sont conservés dans les collections Enniskillen et Egerton (1836, 1837 ; Woodward, 1891 : 442), aujourd’hui préservées au NHMUK (NHMUK PV P984, P985, P985a, P987, P3465, P3466, P4352). Aucun indice ne permet cependant d’affirmer qu’ils proviennent de l’ancienne collection de Beurard.

Citation de l’article : Brignon A. 2021. Les « ichtyolites » (Actinopterygii) de la collection Jean-Baptiste Beurard (1745–1835) : intérêt historique et redécouverte de la série type d’Armigatus brevissimus (Blainville, 1818) du Cénomanien du Liban, BSGF - Earth Sciences Bulletin 192: 34.