High-resolution stable-isotope and accelerator mass spectrometry 14C measurements in 25 box and piston cores from the Labrador Sea allow the reconstruction of major paleoceanographical changes during the last ~ 200 ka in this basin and also document the links between the interior of the Laurentide Ice Sheet and the North Atlantic Ocean during this interval. Two deep circulation regimes are indicated by contrasting sedimentation rates on the slopes: (i) the modern situation is characterized by a gyre of the North Atlantic Deep Water (NADW) components into the basin, which is responsible for the high-energy Western Boundary Undercurrent; this regime also prevailed during the former "true" interglacials and possibly during shorter "warm" intervals (e.g., Bølling-Allerød); (ii) a more frequent NADW-free situation during glacial and interstadial intervals is marked by the presence of a vertically homogeneous water mass in the basin. Sedimentological records also indicate that carbonate events (i.e., pulses of detrital Paleozoic carbonates from Hudson Strait) and Heinrich events (sharp increases in ice-rafted lithic fragments), which are observed during the last two glaciations, are due to two distinct mechanisms. We hypothesize that detrital-carbonate events are linked to the triggering of turbidity currents in the western Labrador Sea by surges of the ice margin off Hudson Strait, and that the North Atlantic Mid-Ocean Channel, and possibly the Charlie Gibbs Fracture Zone, played a role in the spreading of these carbonates into the North Atlantic. Rapid calving would have been responsible for the intense ice rafting responsible for the Heinrich events stricto sensu. During such intervals, low productivity in surface waters is inferred from light carbon events and low concentrations in primary productivity indicators.

Des analyses isotopiques sériées complétées de datations 14C par accélérateur de 25 carottes par boîte et par piston prélevées dans la mer du Labrador ont permis de reconstituer les changements paléocéanographiques majeurs des derniers 200 000 ans, dans ce bassin, et de préciser les relations entre la région septentrionale de la calotte laurentidienne et l'Atlantique Nord au cours du dernier glaciaire. Deux modes de circulation profonde sont indiqués par des vitesses de sédimentation contrastées sur les talus continentaux. Le premier correspond à la situation actuelle; il est marqué par la gyre des composantes de la masse d'eau profonde de l'Atlantique Nord (North Atlantic Deep Water, NADW) dans ce bassin, à l'origine du sous-courant côtier de l'Ouest (Western Boundary Undercurrent) de forte énergie. Ce mode de circulation caractérise les maximums interglaciaires et s'est probablement instauré pendant de plus courts intervalles « chauds, » tel le Bølling-Allerød. Le second régime, plus fréquent, est marqué par l'absence des composantes de la NADW et une colonne d'eau verticalement homogène; il caractérise les épisodes glaciaires et interstadiaires. Les données sédimentologiques conduisent également à découpler les injections de carbonates paléozoïques détritiques, provenant du détroit d'Hudson, et les apports par les icebergs de fragments lithiques (Heinrich events), dans les sédiments profonds, au cours des deux dernières glaciations. Selon nous, les pics de carbonates détritiques seraient liés au déclanchement de courants turbiditiques dans la mer du Labrador occidentale à la suite de fluages (surges) de glace dans le détroit d'Hudson; le chenal médio-océanique de l'Atlantique Nord (NAMOC) et, éventuellement, la zone de fracture Charlie Gibbs, auraient joué un rôle dans la dispersion de ces carbonates dans l'Atlantique Nord. Le développement subséquent d'une baie de vélage serait à l'origine de la dispersion abondante de fragments lithiques (Heinrich events, stricto sensu). De basses teneurs en 13C et de faibles concentrations des indicateurs de productivité indiquent une chute de la productivité primaire au cours de ces épisodes.